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Ce pouvoir qui nous tient...

par Sylvie Vermeulen

Ce texte est désormais disponible dans l’ouvrage Le Génie de l’être et autres écrits, Le Hêtre Myriadis, 2021.


Résumé : Le Pouvoir est souvent considéré comme ayant une existence particulière. Chacun s’applique à ne pas réaliser de quelle manière il contribue à sa formation. Pourtant la pyramide hiérarchique de ce Pouvoir n’existerait pas sans notre approbation. Chaque jour, nous nous imposons des comportements relationnels en phase avec la logique du Pouvoir en place.


Prenons l’exemple du contrôle des moyens de communication. Noam Chomsky, célèbre analyste des médias, écrit : « La propagande est à la société démocratique ce qu’est la matraque à l’État totalitaire. » (1) Nous pouvons crier haut et fort notre désaccord vis-à-vis de telles pratiques et ne pas voir combien nous les installons. Considérons l’enchaînement de quelques évidences.

Dans la famille, les parents imposent à leurs enfants des codes relationnels auxquels ces derniers doivent se soumettre. Sous diverses formes et par diverses méthodes, ils contrôlent leurs moyens de communication. En général, les parents mettent en place une structure relationnelle permettant l’exercice de leur pouvoir. Ils recherchent souvent une tranquillité sans risque de remise en cause.

À l’école, les enseignants ne peuvent pas transmettre naturellement leur connaissance ni leur expérience. Ils ne prodiguent pas un enseignement harmonieux, désiré et respecté. Ils imposent aux enfants des codes de comportement qui viennent entériner ceux des parents. Ils contrôlent donc leurs moyens de communication. Les élèves sont soumis : leur souffrance est niée. Ils refoulent et rejoueront collectivement les circonstances de leur souffrance. L’Administration et les enseignants assurent – consciemment ou non – la stabilité du système.

À la fin d’un cursus scolaire très orienté, les jeunes adultes complètement aspirés par une formation éducative basée sur la recherche du profit, sont prêts pour l’insertion. Leurs années de soumission les ont préparés à l’exercice du pouvoir. Leur souffrance est niée. Ils refoulent leurs sentiments et sont prêts à rejouer ce qu’ils ont subi.

Comment s’étonner alors qu’une élite possède et contrôle entièrement les moyens de communication quand toute la chaîne relationnelle est basée sur ce principe ? Le but de ceux qui possèdent la société est de garder le Pouvoir. Il justifient donc cette entité qui n’est, à mon entendement, qu’un gigantesque rejouement collectif.

Sans distinction de classe, le Pouvoir se construit, à travers des dynamiques existentielles communes à tous. Parmi celles-ci, la plus importante est celle de rejouer ce que nous avons subi sans en être conscients. Cette approche différente des dynamiques en jeu permet de cibler plus justement les actions porteuses d’un réel changement.

SylvieVermeulen

© S. Vermeulen – 04.2001 / www.regardconscient.net

Note :

(1) Noam Chomsky, Robert W. McChesney, Propagande, médias et démocratie, Éditions Écosociété, Montréal, 2000.