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À propos de l’œuvre d’Alice Miller

par Olivier Maurel


L’œuvre d’Alice Miller est entièrement consacrée à l’étude des conséquences des traumatismes d’enfance. Elle a étudié plus particulièrement l’influence des méthodes violentes d’éducation sur l’agressivité et la violence déployées plus tard par les jeunes gens et les adultes. Or, comme les punitions corporelles concernent 80 à 90% des enfants du monde, c’est la quasi totalité de l’humanité qui est concernée. Les humiliations, les brimades et les coups subis par les enfants au moment où leur cerveau est en pleine formation injectent littéralement dans la société une violence qui se manifeste ensuite non seulement sous forme de délinquance et de criminalité de droit commun, mais aussi de violence sociale, politique et militaire.

Alice Miller a été la première à attirer l’attention sur le fait que les responsables des plus grands massacres du XXe siècle, Hitler, Staline, Mao Tsé-Toung, Ceaucescu, Saddam Hussein, ont tous eu une enfance ravagée par la violence de leurs parents. Et les populations sur lesquelles ils ont pris le pouvoir, elles-mêmes soumises dans leur enfance aux méthodes violentes couramment en usage, étaient par là-même prédisposées à se soumettre à la violence de leurs dirigeants par adhésion ou résignation. Les ouvrages d’Alice Miller montrent aussi comment les punitions corporelles, en inculquant aux enfants l’idée que la violence peut être bonne si elle leur est infligée « pour leur bien », déstabilisent en profondeur leur psychisme. Elles portent en effet atteinte à leur conscience morale en leur faisant confondre le mal et le bien, et à leur sens de la logique en leur inculquant une contradiction : « Je te fais du mal pour ton bien ». Les esprits ainsi perturbés sont plus vulnérables aux mensonges et aux incohérences des démagogues. Ils sont aussi prédisposés à collaborer aux projets les plus criminels « pour le bien » de la nation, de la race, de la classe ouvrière ou de la religion. Surtout si leurs meneurs leur désignent des boucs émissaires sur lesquels décharger la rage accumulée tout au long de leur enfance. Il faut ajouter à ces conséquences sociales et politiques de la violence éducative l’accentuation de fléaux sociaux comme l’alcoolisme, la toxicomanie, le tabagisme, la violence conjugale, et, bien sûr, la répétition de la violence « éducative » de génération en génération. Toutes conséquences sont aujourd’hui reconnues par l’Organisation Mondiale de la Santé qui les mentionne dans son dernier rapport sur la violence (novembre 2002).

Les idées d’Alice Miller qui s’appuient à la fois sur sa pratique de la psychothérapie et sur des recherches approfondies dans l’histoire, la littérature et les sciences biologiques sont également confirmées par les études les plus avancées sur le fonctionnement du cerveau. Études qui montrent que les traumatismes d’enfance provoquent de véritables lésions des neurones, notamment dans le cerveau dit « émotionnel ». L’oeuvre et les idées d’Alice Miller ne sont pas restées théoriques et, outre l’influence libératrice qu’elles ont eue sur ses lecteurs, elles ont certainement contribué, directement ou indirectement, à l’adoption par douze pays à ce jour, de législations interdisant d’infliger des punitions corporelles aux enfants. Ses idées sont à l’origine de l’action de nombreuses associations qui luttent contre la violence éducative à travers le monde. Mais la dénonciation de ces punitions se heurte très souvent au fait que les enfants qui les subissent s’identifient à leurs parents et, pour cette raison, ont beaucoup de mal, devenus adultes, à remettre en cause cette méthode d’éducation.

Olivier Maurel



Chronologie sommaire de la vie d'Alice Miller

  • Née en 1923, en Pologne.
  • Études à Bâle.
  • 1953 : Doctorat de philosophie.
  • De 1960 à 1980, pratique de la psychanalyse.
  • 1979 : Le Drame de l’enfant doué (Pour ce livre comme pour les suivants, la date est celle de la première édition en allemand).
  • 1980 : C’est pour ton bien.
  • 1981 : L’Enfant sous terreur.
  • 1985 : Images d’une enfance.
  • 1986 : Alice Miller reçoit le prix Janusz Korczak à New York.
  • 1988 : La Connaissance interdite.
  • 1988 : La Souffrance muette de l’enfant.
  • 1990 : Abattre le mur du silence.
  • 1994 : L’Avenir du drame de l’enfant doué.
  • 1997 : Chemins de vie.
  • 2001 : Libres de savoir.
  • 2004 : Notre corps ne ment jamais.